Entrevue téléphonique réalisée avec Jocelyn Paul. Une photo de lui ornemente le son de sa voix.
Jocelyn Paul
Y’a plus de trappeurs présentement au village huron qu’on n’avait v’là 30 ans.
Intervieweur
Ah! oui?
Jocelyn Paul
Ah! oui, oui! C’qu’y faut comprendre, c’est que l’accès au territoire de, de trappe a été rendu très difficile là avec la création du, du parc national des Laurentides là à la fin du 19e siècle. Lorsque le parc des Laurentides a été fondé, ben écoute, euh, j’veux dire y’ont sorti les Indiens de d’là là. C’était la chasse, euh. C’est pas, en fait, la chasse était interdite.
Intervieweur
Aujourd’hui, c’est pu le cas?
Jocelyn Paul
Ben, y’a eu des ententes administratives avec les gouvernements. Y’a encore un peu de tensions. Ça sort dans les journaux, surtout en c’qui concerne la chasse à l’orignal là. Mais, t’sais, le Conseil essaie d’avoir des ententes administratives ou politiques avec le gouvernement pour qu’on puisse accommoder un peu tout l’monde. Mais nous, à Lorette, écoute là, quand je jasais justement avec les vieux, les vieux allaient à la, à la trappe, t’sais, jusque dans les années 20, dans les années 30. Y’avait quelques, y’avait quelques vieux, quelques aînés qui, qui l’faisaient encore, mais y l’faisaient un peu comme des braconniers.
Intervieweur
Ouin, c’est ça!
Jocelyn Paul
Ils étaient pourchassés là par les gardes-chasses. Et puis, euh, donc, ces gens-là, ces aînés-là s’accrochaient à c’te mode de vie là, mais c’tait un mode de vie qui a été, qu’était rendu un, presque pu praticable. À moment donné aussi là, faut qu’tu réalises qu’à Lorette, t’sais, la fabrication de mocassins, de canots, de raquettes, ça date pas d’hier là. Au milieu du 19e siècle, on avait une économie excessivement florissante au niveau de l’artisanat. Mais aussi les gens à Lorette fabriquaient des mocassins pour les troupes britanniques. Ils faisaient des raquettes pour l’armée britannique qui était en garnison.
Intervieweur
Ouais, c’est ça, c’est ça! J’en ai entendu, oui.
Jocelyn Paul
Moi j’ai, dans ma thèse de maîtrise, j’en avais parlé un peu de d’ça, pis j’avais écrit quelques autres papiers, dont entre autres un article que j’ai fait dans Recherche amérindienne v’là peut-être une dizaine d’années là, où j’avais étudié la question avec pas mal de détails. Pis toute l’activité économique à Lorette là, euh, gravitait autour de notre identité autochtone. Mais pour faire des milliers de mocassins annuellement, ça t’prenait de la peau d’orignal, ça t’prenait de la peau de caribou. Fait que les chasseurs ramenaient les peaux. On avait vraiment une économie qui s’basait, qui était basée là-dessus, et qui était somme toute assez florissante là. Mais à un moment donné, écoute, euh, c’est devenu très difficile pour les chasseurs.
Intervieweur
À cause de l’accès au territoire, euh, comme la vannerie à Odanak, qui avait été assez florissante aussi, mais qui a chuté pour X raisons.
Jocelyn Paul
Ben la vannerie aussi à Lorette est très, très, très importante. Icitte, au Musée canadien des civilisations, à Ottawa, y’a des paniers de vannerie là qui ont été faits par Nathalie Sioui, mon arrière-arrière-grand-mère. Sont dans les vitrines, présentement. Euh, c’était très florissant aussi à Lorette. Mais c’t’un savoir qui est comme disparu dans années 50-60. Nous, on l’a perdu avant Odanak.
Intervieweur
Ha!
Jocelyn Paul
Mais les paniers de vannerie, aujourd’hui, ça s’enseigne au village huron.